La fonction publique à travers le Pacifique

01 juin 2017

Information

Alain Marc (à gauche) et Emmanuelle Gallien (au centre) reçus, en compagnie de la délégation du Vanuatu, par le Premier ministre papou (à droite).

Alain Marc (à gauche) et Emmanuelle Gallien (au centre) reçus, en compagnie de la délégation du Vanuatu, par le Premier ministre papou (à droite).

La « Conférence des dirigeants de la fonction publique du Pacifique » s’est déroulée du 22 au 25 mai à Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cette 14e édition accueillait pour la première fois la Nouvelle-Calédonie. Laquelle organisera en 2018 à Nouméa la prochaine conférence !

Si la Nouvelle-Calédonie était invitée pour la première fois à participer à cette conférence annuelle, « elle le doit beaucoup au Vanuatu qui a œuvré sans relâche à notre intégration », indique Alain Marc, secrétaire général du gouvernement. Après l’ouverture officielle proclamée par le Premier ministre de la Papouasie, Peter O’Neill, et la traditionnelle bénédiction, le ministre de la Fonction publique John M. Kali  a prononcé un discours de bienvenue.  

Tables rondes, exposés, débats, réunions…, les travaux pouvaient commencer. Cette année, ils portaient sur « une gouvernance et un leadership fondés sur une éthique et des valeurs dans le Pacifique ». « Nous avons échangé sur les pratiques respectives des gouvernements des États du Pacifique, ainsi que sur le fonctionnement de l’administration et des différents services publics proposés aux usagers, souligne Alain Marc. Les approches diffèrent sensiblement, surtout entre des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande et des États de taille plus modeste ». « Même si nous nous sommes rendu compte que nous avions souvent des préoccupations et des difficultés communes », précise Emmanuelle Gallien, directrice des Ressources humaines de la Nouvelle-Calédonie, elle aussi du voyage à Port Moresby.

Différences dans les recrutements

La directrice RH a pu confronter une culture anglo-saxonne de la fonction publique au modèle français. « Totalement différente. » Avec, souvent, une absence de frontière entre État/administration et religion. Une religion très prégnante. « Lors des échanges autour de l’éthique, beaucoup de nos collègues se référaient à leurs croyances religieuses. » Autre différence de taille, les modalités de recrutement. D’un côté, des concours censés assurer l’égalité d’accès à la fonction publique et une sélection anonymisée des meilleurs serviteurs de l’État ; en face, un recrutement direct, sans examen, sur la base du CV et de l’expérience professionnelle. « Ce qui m’a marquée aussi, poursuit Emmanuelle Gallien, c’est que la plupart de ces États sont très soucieux de l’égalité hommes-femmes. Dans les représentants du ministère de la Fonction publique qui nous ont reçus, figuraient des “responsables de l’égalité entre hommes et femmes” ».

Des pistes de coopération

En marge de la conférence, et des visites de l'Université et de l'Institut de formation de l'administration publique de Papouasie-Nouvelle-Guinée (l’équivalent de l’Ifap), le secrétaire général du gouvernement et la directrice RH ont honoré plusieurs rencontres bilatérales. Avec le Premier ministre papou, le secrétaire général adjoint du gouvernement, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, le ministre de la Santé, le directeur général de la Recherche et des Sciences, ou encore la direction des Sports. « Nous avons évoqué divers sujets, résume Alain Marc. Le vote par le Congrès calédonien du statut des délégués, les pistes de coopération possibles comme la formation des cadres – administratifs, de santé… –, les aspects liés au rééquilibrage, notamment dans la fonction publique, ou leurs besoins en termes de recherche ». La Papouasie est en effet confrontée à plusieurs urgences sanitaires : les ravages du paludisme, un taux de VIH parmi les plus élevés au monde ou encore une recrudescence de la tuberculose, du cancer du sein et de l’utérus… « Nos interlocuteurs sont également demandeurs d’expertise en matière de mine ou en termes de gestion des infrastructures sportives, et très intéressés par la francophonie. » Autant de dossiers qu’ils devraient pouvoir ouvrir à l’occasion du déplacement de Philippe Germain à Port Moresby, prévu pour la fin 2017 ou le début 2018.

Une étape supplémentaire dans l’intégration régionale

Au-delà de la curiosité suscitée par le profil du président Macron, les dirigeants papous se sont montrés désireux de faire une place à la langue française dans les amphithéâtres de Port Moresby et de favoriser les échanges entre étudiants des deux pays. « L’accueil a été très chaleureux, et nous avons senti que nous étions particulièrement attendus par des gens soucieux de découvrir nos organisations administratives et de suivre les évolutions en cours en Nouvelle-Calédonie », constatent nos deux “ambassadeurs”.

Après avoir validé les six valeurs à partager – responsabilité, honnêteté, intégrité, respect, sagesse et engagement –, les conférenciers ont rédigé un communiqué final, enregistré l’intégration définitive de la Nouvelle-Calédonie comme membre de la conférence (une offre a été faite à la Polynésie française de la rejoindre à son tour) et accepté, à l’unanimité, la proposition calédonienne d’en organiser la prochaine édition, fin mai-début juin 2018. À cette fin, un groupe de travail a été constitué avec PNG, Palau, Samoa et l’Australie. « Le fait qu’ils aient dit oui répond à la volonté de la Nouvelle-Calédonie de s’intégrer dans son environnement régional. Et à travers nous, ils espèrent développer des échanges avec la France », se félicite Alain Marc. La 15e édition sera dédiée à la « transparence des services publics ».

 

Intervention du secrétaire général du gouvernement lors de la conférence. À droite, l’interprète.

Intervention du secrétaire général du gouvernement lors de la conférence. À droite, l’interprète.

 

 

Quinze États autour de la table

Vingt-quatre personnes représentant quinze pays (PNG, Australie, Îles Cook, États fédérés de Micronésie, Fidji, Kiribati, Îles Marshall, Nauru, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Palau, Samoa, Salomon, Tonga et Vanuatu) ont participé à la conférence. Était également présente la secrétaire générale du Forum des Îles du Pacifique (FIP).